Fumer du tabac est-il tendance ? Quelle image aurait aurait eu Georges Brassens sans la pipe ? Il paraît que la pipe reviendrait à la mode en surfant sur le « vintage » ? Hipsters et « bobos » seraient les nouveaux aficionados de cette forme d’inhalation du tabac, paraît-il. Est-ce vieux-jeu ou « top tendance » ? Car aujourd’hui, porter une pipe entre ses lèvres est associée aux barbes bien ciselées et au look masculin contemporain, avec un raffinement un peu trop appuyé. Revisiter, comme le font les jeunes gens, la pipe est sans aucun doute un signe d’esthétique autant qu’une pratique de délectation.
Le fumeur de pipe
Désormais, nous avons laissé au loin l’image classique des figures traditionnelles de la pipe. Souvenons-nous aussi de Sherlock Homes, et le bois sculpté de sa « Peterson », à la courbe retorse. C’est un détective que la pipe accompagne dans sa gamberge introvertie et son souci de l’indice. Nul doute que l’absorbtion de bouffées de tabac, hier, relève d’une assise et d’un apaisement propre à un homme ayant atteint un âge mur.
Deux façons de vivre s’opposent hier et à l’heure actuelle. Il s’agirait d’un jeu d’apparence pour les consommateurs de tabac trentenaires, qui frôlent la pure coquetterie masculine. C’est en quelque sorte une forme d’assise personnelle et de regard attentif sur soi-même.
Qu'en-est-il du cigare ?
Sans aucun doute, les feuilles de tabac enroulées, dans un petit cylindre génèrent un plaisir hors de l’inhalation stricte. Le plaisir auquel on s’adonne dans les rondeurs de fumée soufflées. Ce plaisir est accompagné par un rituel préalable avant l’allumage. Il s’agit de la nécessité de sectionner le cigare en deux. Il est d’usage d’appeler l’instrument de coupe une « guillotine », le nom porté souvent par le coupe-cigare comme tout au objet tranchant qui peut faire l’affaire.
Savourer son cigare
Quelle influence a cette pratique un peu étrange sur le fumeur ? Le micro-temps du commencement procure un plaisir particulier. C’est comme la préparation que l’on retrouve ailleurs quand on prépare les ingrédients d’un bon petit plat. Ou avant de se préparer pour s’habiller. Ou quand on s’échauffe avant d’entrer sur le terrain… Un moment furtif hors du temps presque. Et puis, il y a aussi cette dégustation « à cru » du produit… qui lui donne une impression directe et naturelle quand on est en contact avec le tabac. D’ailleurs, la fumée ne doit pas s’inhaler et ce sont les arômes du tabac et leur recherche qui animent l’appétit de cigare.
Le tabac, une histoire de temps...
Notons aussi que le temps de consommer le tabac s’étend de manière très spécifique, parfois plusieurs heures, dit-on. Autant dire que humer le petit « boudin » en végétal séché requiert un temps libre évident. La possibilité d’une pause conséquente est nécessaire pour savourer. Inévitablement le fumeur de tabac recherche avant tout d’un plaisir très fin. Sans aucun doute, il n ‘est pas excité par l’envie, le manque. Et il dispose d’un volume de temps enviable et confortable, pour inhaler les volutes, assis par exemple auprès d’un cendrier de luxe, dans un fauteuil confortable.
A chacun sa consommation de tabac
Bourrer une pipe, sectionner un cigare, sont sans aucun doute des clefs pour déterminer le plaisir spécifique de chaque consommation de tabac. Est-ce ce que l’on retrouve aussi chez le rouleur de papier à cigarette. Formats standards ou formats longs requièrent la préparation du tabac, son enroulement, l’humectation des rebords. Et puis cette façon de presser, de grattouiller, au bout des doigts le tabac pour le répandre le long de la tige délicate de papier impose un rapprochement de soi, voire une discrétion. Un artisan-né retrouverait ses marques ici. L' »OCB » est de nature également à contredire la domination de la cigarette classique, celle du « paquet de clopes ». Est-ce une recherche de liberté qu’inspire le papier à rouler ? Affirmatif, sans aucun doute, puisque le papier à cigarette constitue le mode le plus connu pour pour inhaler un « joint » (de cannabis), dans une démarche parfois « anti-système ».
Quel fumeur êtes-vous ?
Êtes-vous un fumeur de pipe installé et réfléchi, un crapoteur de cigares, jouisseurs et apaisés, ou un rouleur de tabac ou de chanvre en version papier, libre et décontracté ?
Le narguilé est un peu tout cela. Dans un bar à chicha, la préparation est aussi importante. Le goût fruité en fait une consommation au plaisir tout en profitant de la décontraction du salon. Il reste un point que seule pratiquement la chicha préserve : il n’y pas de retrouvailles au salon de narguilé sans former un petit groupe, et l’on peut reconnaître dans la chicha, la plus collective des consommations de tabac.